La Calabre, une destination méconnue et authentique
Avec ses eaux claires, sa nature sauvage, ses ports de pêche, ses cités escarpées, son riche patrimoine archéologique et sa cuisine réputée, la Calabre fait le bonheur des voyageurs initiés en quête de destination authentique et ensoleillée.
Entre mer et montagnes
La Calabre est, sans aucun doute, la partie la plus « intense » de l’Italie méridionale. Et pourtant, on ne pense pas à cette région située à la pointe de la botte italienne, ou seulement lorsqu’on la traverse en voiture pour se rendre en Sicile, par le détroit de Messine. Peut-être aussi quand on évoque l’image type de l’homme de la mafia, brun, laqué, le regard noir et hargneux. Même si ce cliché a sa part de vérité, on devra visiter la Calabre sans préjugés. Rien ici ne ressemble à la Toscane ou à la Vénétie. Bordée par environ 800 km de côtes, la province s’étend sur un territoire dont la plus grande partie est constituée par des massifs montagneux : le Pollino, la Sierra de Pellegrino, le Sorino, la Sila et l’Aspromonte. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 409 communes calabraises, 387 se trouvent dans les collines ou en montagne, avec des vallées étroites et ravinées, et un climat marqué par une longue sécheresse estivale et des mi-saisons pluvieuses. Le portrait est austère mais définit bien ce que la région offre de curiosités, en dehors de ses stations balnéaires modernes : des montagnes abruptes à perte de vue, des changements de couleur au gré des provinces, des villages comme taillés sur les hauteurs. L’association entre la montagne et la mer donne, par ailleurs, une végétation luxuriante et sauvage.
Cependant, la montagne a longtemps causé du tort à la Calabre. Son développement s’est fait plus lentement, plus difficilement qu’ailleurs, car le relief n’a cessé d’être un obstacle aux efforts de « civilisation ». Longtemps enclavée, privée de voies de communication faciles, cette région est restée la plus pauvre de l’Italie et a vu son taux d’émigration augmenter tout au long du XXe siècle. Elle a servi de terreau à une mafia que l’on retrouve encore, éparpillée dans certains petits villages reculés de l’Aspromonte. Pas d’inquiétude pour autant, la Calabre n’est ni désertique ni dangereuse pour le voyageur, à qui elle offre l’un des plus beaux milieux naturels protégés d’Italie, avec le parc du Pollino notamment, et, disséminés à l’intérieur des terres, des petits bourgs médiévaux intacts comme Stilo, Rossano, Gerace et bien d’autres, qui n’ont pas leur équivalent ailleurs. L’attrait des agglomérations côtières est plus inégal : si certains bourgs, comme Tropea, allient au charme de leur vieux centre, l’intérêt historique de leurs vestiges, d’autres ont été affectés, comme Crotone, par divers aléas et souffrent d’abandon. Reggio Calabria fait cependant partie maintenant des bonnes surprises de la Calabre : le « relooking » récent de la ville l’a rendu bien agréable.
Reggio Calabria et le « plus beau kilomètre d’Italie »
L’instabilité du sol a valu à Reggio de Calabre de multiples reconstructions, ce qui explique dans certains quartiers son aspect plutôt moderne. Cependant, Reggio Calabria est une ville magnifique et dégage toute l'ambiance de l'Italie ou de la Sicile avec ses belles maisons au style baroque, ses longues avenues, ses balcons ou bow-windows, dans un ensemble mixte d'ancien un peu délabré et de bâtiments chics ! Après quelques années de travaux de réhabilitation d’un centre autrefois inhospitalier, la ville a bien changé et c’est avec enthousiasme que l’on ira se promener sur ce qui fut et qui reste « le plus beau kilomètre d’Italie » (dixit l’écrivain Gabriele D’Annunzio). Le lungomare est une promenade délicieuse. Il est à la fois une promenade les pieds dans l'eau, un long et large cours sur les hauteurs pour les promeneurs, les vélos, les sportifs, et il est toujours bordé d’arbres rares aux énormes racines apparentes en milieu du boulevard. Vous pourrez découvrir les courbes athlétiques des bronzes de Riace, ces sculptures époustouflantes de la civilisation grecque, des sculptures de bois, des petites arènes descendants vers la mer. L’architecture dominante du centre-ville de Reggio Calabre est de type Liberty, la variante italienne de l’Art Nouveau. N'oubliez pas non plus de parcourir l'artère principale de la ville, le Corso Garibaldi, pour admirer l'architecture de ses immeubles tout en mêlant shopping et restaurants. Du côté plus moderne de la ville, une autre facette se dessine, malheureusement plus pauvre et plus délabrée.
Les fonds marins des golfes de la région
Etant donné l’omniprésence de la mer, la plongée sous-marine est la reine incontestée des sports nautiques de la région. Pour ceux que la vision des fonds marins effraie ou qui ne peuvent nager à de trop grandes profondeurs, le snorkeling (palmes, masque et tuba) est également une alternative sympathique. De nombreuses stations balnéaires ont des centres de plongée où l’on peut également louer des bateaux à moteur. En Calabre, dans la région de Crotone, se trouve aussi la réserve naturelle de Capo Rizzuto. Entre Capo Colonna et le village du Castella, c’est une vaste aire naturelle protégée. Créée en 1991, c'est la plus importante réserve marine de la côte calabraise. Tout le site forme un excellent spot de plongée et de snorkeling, où les fonds marins figurent parmi les plus beaux d'Italie méridionale et où l’on plonge notamment parmi les vestiges des colonnes d'un temple antique enfoui sous les eaux.
Eté comme hiver, à l’assaut des hauteurs !
La simple observation d’une carte de la région permet de constater qu’une grande partie du territoire de la Calabre est constituée par des montagnes. Entre deux horizons marins, tyrrhénien à l’ouest et ionien à l’est, la région possède six massifs discontinus, dont la Sila est le pivot et l’Aspromonte le dernier sursaut méridional. Au nord, le massif du Pollino, que la région partage avec la Basilicate, possède les sommets les plus élevés du territoire : le mont Pollino, avec 2 248 mètres, et la Serra Dolcedorme, avec 2 267 mètres.
La Calabre se prête donc tout particulièrement à la pratique de la randonnée. Le parc national du Pollino, avec ses 192 565 ha et une altitude maximale de 2 267 mètres (Serra Dolcedorme), offre des parcours de randonnée de tous niveaux, dans un paysage sauvage et majestueux. On peut également se promener très agréablement dans le parc de la Sila calabraise et dans l’Aspromonte. Et, étonnant mais vrai alors que les températures de l’été sont parfois difficiles à supporter, l’hiver en Calabre peut être parfois très froid et on peut y pratiquer le ski ! En Calabre, deux stations de sports d’hiver, appréciées des Italiens, permettent de pratiquer un ski de qualité : Camigliatello Silano, dans le parc de la Sila, et Gambarie, dans l’Aspromonte.
Farniente et sports nautiques
Le village pittoresque de Tropea et les plages du Capo Vaticano, sur la côte tyrrhénienne, forment la perle du tourisme calabrais. Tropea est une jolie ville perchée sur un promontoire rocheux… mais où la foule de touristes est plus compacte qu’ailleurs. Tropea dégage un charme portuaire et balnéaire nonchalant, où tout invite au farniente et à la passeggiata dans les ruelles tortueuses de la vieille ville. Sans parler de la gastronomie, la ville étant la patrie d’un petit oignon tout rouge. Connue des Italiens et de quelques étrangers, elle fait partie de ces nombreux endroits de Calabre où les prix ne flambent pas, les infrastructures étant encore peu développées. La vision de ses deux bandes de sable fin reliées aux deux falaises des îles de San Leonardo et Santa Maria donne un premier aperçu de la beauté singulière de Tropea, dont le petit centre-ville ne dément pas le charme. Siège d’un évêché au VIIe siècle, Tropea connut sa période de gloire sous les Angevins et les Aragonais, comme en témoignent ses maisons ornées de portes et de balcons sculptés.
Et, pour ne rien gâcher, plus d’une centaine de petites plages longent la côte du Capo Vaticano, de la baie de Riaci à la baie de Santa Maria. Elles sont tantôt rocheuses, tantôt de sable fin. L’eau cristalline, le paysage intact et le sable blanc sont autant d’éléments qui font que ces plages sont considérées parmi les plus belles d’Italie. Ici, pas de gros blocs de béton armé qui nuisent à la beauté de l’environnement, alors profitez-en ! Parmi les plus belles, on a répertorié Tono, Ricadi, Praia di Fuoco et Riaci. Avis aux amateurs de farniente de sports nautiques !
Gerace, parmi les plus beaux villages Italiens
La rencontre avec Gerace ressemble d’emblée à un envoûtement. La route isolée et sinueuse qui relie Gerace à Locri ne laisse pas présager que l’un des plus beaux sites de Calabre se cache là, sur le versant nord-oriental de l’Aspromonte. Classé parmi les plus beaux bourgs d’Italie, Gerace a l’aspect d’une ville restée à l’heure médiévale et dont les pierres des édifices semblent intactes. C’est l’une des étrangetés de cette ville : située dans une zone ravagée par les tremblements de terre, Gerace n’en a que peu souffert et ne semble s’être souciée de rien, sinon de la préservation de ses merveilles architecturales. La période de splendeur de la cité coïncide avec la conquête normande de 1059, époque à laquelle est édifiée la plus grande église de toute la Calabre, la cathédrale. Le reste est une enfilade de rues en pierre, dans un décor irréel où l’on pourrait s’attendre à croiser des passants en costume médiéval. Un moment suspendu en perspective !