L’avenir de la montagne entre tourisme responsable et diversification des activités  

Le réchauffement climatique, la pandémie et maintenant la crise énergétique mettent à mal l’économie de la montagne. Les stations de ski sont donc contraintes d’attirer une nouvelle clientèle.

Se réinventer dans un tel environnement est complexe. Comment se diversifier pour répondre aux nouvelles exigences environnementales, économiques et sociales ? Certaines stations de moyenne altitude ont choisi de se tourner vers le tourisme responsable et de proximité.

 

La montagne : se réinventer pour (re)séduire les vacanciers

 

Les massifs montagneux représentent 30% du territoire français et constituent un atout important pour notre pays. Après la perte du textile et des mines, l’activité dans les montagnes a dû se renouveler. Elle s’est donc tournée avec succès vers les sports d’hiver, grâce à une ressource abondante et gratuite : la neige.

100 ans plus tard, avec 11 800 km², la France est le premier domaine skiable du monde. Véritables poumons économiques des vallées, les stations de ski représentent 15% des recettes touristiques nationales, soit 10 milliards d’euros. Pendant la saison, elles emploient 120 000 personnes et génèrent 360 000 emplois indirects, pour accueillir chaque année 10 millions de vacanciers (source Domaines Skiables de France).

De nouveaux modes de consommation

Les crises sanitaires et climatiques ont impacté les habitudes des vacanciers pour qui skier toute la journée n’est plus suffisant. Aujourd’hui, ils veulent aussi se détendre, vivre de nouvelles expériences et profiter de la nature. La montagne n’est alors plus la destination privilégiée en hiver. D’après l’enquête de 20 minutes, seuls 13% de ses lecteurs associent aujourd’hui les vacances de février au ski.

L’autre raison qui explique la baisse de fréquentation est l’inflation. Le pouvoir d’achat des Français diminue, c’est un fait. Réticents à dépenser dans la location de ski et les forfaits, ils changent alors leur mode de consommation. En station, ils s’adonnent à la pratique du ski de fond et aux randonnées plutôt qu’au ski alpin.

Une réflexion sur une offre loisir 4 saisons

Face à une concurrence féroce et à des exigences toujours plus grandes, les stations mènent une réflexion sur les sports d’hiver et la possibilité d’une offre multi-activités 4 saisons. Des stations de moyenne altitude ont su remplacer avec succès le ski par différentes activités de plein air à l’année : VTT, trail, randonnée… Une vision de la montagne où le ski alpin n’a plus le monopole.

La transition du « tout ski » plus responsable

 

Une offre sport d’hiver étoffée respectueuse de la nature

Afin de satisfaire tous les amateurs de glisse, débutants comme skieurs émérites, les stations développent leur offre « sport d’hiver ». Ski nordique, raquettes, free ride sont praticables dans des espaces dédiés, qui sont aménagés avec le souci de préserver la nature. Les stations recourent cependant aux canons à neige, une solution forcément provisoire, de par son coût économique et environnemental.

Sur le domaine skiable, la mobilité est facilitée par la nouvelle génération de remontées mécaniques. Plus rapides, plus confortables, elles sont en plus silencieuses et diminuent ainsi les nuisances sonores. Hors des pistes, tout est accessible à pied (commerce, pistes, hébergement), la voiture est donc inutile.

Toutes ces initiatives entrent dans le cadre de la démarche environnementale menée par les stations de ski. 20 d’entre elles ont d’ailleurs le label « Flocon vert ».

L’offre après-ski : le début de la diversification

En plus d’être éco responsables, les stations proposent une offre diversifiée d’activités et d’animations de montagne. À tout moment de la journée, les vacanciers peuvent s’adonner aux joies du plein air : motoneige, chien de traîneau, plongée sous la glace… Certaines activités sont d’ailleurs praticables en hiver comme en été, telles que la luge sur rail, la randonnée ou l’escalade.

Les amateurs de détente, de remise en forme et de bien-être peuvent profiter du spa. D’autres, comme à Cauterets, testent les vertus des eaux thermales. Les plus curieux ont la possibilité de (re)découvrir les traditions et produits du terroir, lors de visites de fromageries, d'éco-musées…

D’autres stations misent sur le récréatif. Courchevel a ainsi investi 63 millions d’euros dans son parc aquatique de 15000 m² et l’Alpe d’Huez reçoit depuis 3 ans Tomorrowland Winter. Il s’agit d’un festival d’électro où des festivaliers du monde entier se réunissent pendant une semaine. Un pari réussi pour la station qui a vu sa fréquentation augmenter.

La multiplicité des activités permet d’attirer une nouvelle clientèle qui apprécie la montagne et ses paysages.

L’hébergement vers un retour à l’authenticité

La préservation de l’environnement est synonyme de l’arrêt de l’étalement urbain qui défigure la montagne. Véritables passoires énergétiques, les grands ensembles collectifs d’antan ne sont plus conformes aux normes actuelles. Leur destruction est la solution pour les remplacer par des hébergements intégrés dans la nature.

L’autre tendance est tournée vers un retour à l’authenticité, avec des chalets traditionnels de montagne, synonyme de quiétude. Dans le cadre de regroupements de stations de moyenne altitude, ces derniers deviennent des stations-villages à l’esprit montagnard d’autrefois.

Les crises successives ont remis en question le modèle structurel de l’activité de la montagne. Aujourd’hui, les stations de sports d’hiver se transforment peu à peu en stations de sports de plein air. Après la neige, les acteurs du territoire se diversifient en effet en s’appuyant sur tous les atouts de la montagne. Paysages, air pur, altitude, faune et flore, offrent des émotions et des sensations recherchées par bien des touristes. Un potentiel naturel incroyable que les stations vont préserver pour un tourisme durable et de proximité.